Né en 1968 et vivant en France. Depuis 1996, Bobig abandonne ses œuvres d’art en utilisant le réseau internet.
Texte de Grégoire Courtois
Bobig fait partie de ces artistes qui virent, dès l’apparition d’internet, un moyen radicalement nouveau de diffuser leur travail. D’abord en s’affranchissant des réseaux d’exposition traditionnels, ensuite en produisant des œuvres et projets dont aucun autre médium ne pouvait témoigner, et sûrement pas avec cette vitesse de propagation et cette liberté de ton.
« Free art, free artist » a ainsi longtemps été la devise de Bobig qui dès ses débuts, proposa de donner ses œuvres, tout comme les programmateurs de logiciels libres donnaient leurs applications informatiques.
Cet art gratuit, au départ simple boutade (comme beaucoup des œuvres de Bobig) est ainsi devenu un pavé dans la mare de l’art contemporain qui n’était déjà plus, depuis longtemps, qu’un simple marché fait de cotes, de valeurs et de potentiel spéculatif. Car dire qu’on ne gagne pas d’argent avec ses œuvres est une chose, mais tenir cette position pendant plus de 10 ans tout en continuant à effectuer volontairement un travail alimentaire à l’URSSAF de Paris en est une autre…
Car s’il est gratuit, l’art de Bobig n’en a pas moins une grande valeur, plongeant ses racines à la fois dans le ready-made de Marcel Duchamp, dans les développements conceptuels des années 80, dans le minimalisme des années 60, et bien sûr, à l’origine, dans le mouvement DADA, dont Bobig reste aujourd’hui un grand admirateur.
Cette dose de subversion qui caractérisa les DADA, on la retrouvera dans toute l’œuvre de Bobig, transposée à l’ère de l’internet et de la communication instantanée et on imagine aisément que des opérations telles que « Pacifist action in videogames » ou le « kit d’exposition Bobig » (à voir dans le petit foyer) n’auraient pas été reniées par Tristan Tzara et ses acolytes.
Cette exposition ne présente qu’un mince aperçu de l’œuvre de Bobig, d’abord parce que la plupart des toiles et créations de l’artiste ont été (aban)données aux quatre coins de la France, ensuite parce que beaucoup d’actions ont été placées sous le signe de l’éphémère et que peu de personnes présentes trouvèrent utile de les documenter.
Néanmoins, Bobig continue à agir, jour après jour, à créer de nouveaux sites web et à les détruire, et outre cette exposition, le meilleur moyen de plonger vraiment au cœur de son travail reste la visite de son site officiel en perpétuel mouvement : www.bobig.fr
Ainsi, au-delà de ses a priori et de la force symbolique exercée par les marchands d’artisteries, la découverte de ce créateur hors norme permettra peut-être au spectateur d’adhérer au discours simple et radical que Bobig n’a cessé de défendre, envers et contre tout :
« L’art c’est n’importe quoi et c’est tant mieux ».