Ducon lajoie

Tout démarre avec un message sur une liste de diffusion, un abonné dont je tairai le nom balance :

vous êtes tous morts artistiquement gratuit ou pas, déclarés ou pas.

je sens la petite piqure de moustique. j’ai croisé le gusse il y a 13 ans, il continue à me titiller alors que je ne lui demande rien. je réponds avec un ton décalé :

Merci pour la crise de fou rire matinale. Certains ne changent jamais, ça fait plaisir !

Je reçois un message dans ma boite mail :

Au moins je fais rire.

moi c’est ton mail bobig-at-bobig.fr
qui m’a fait tjrs « sourire »

mets ego-gratos@bobig.com
(la gratuité est un produit d’appel au manque de confiance…)

bise ma couille

Au départ, on essaie de comprendre. on a envie de répondre pour creuser la discussion, mais on abandonne vite. Le problème avec Ducon Lajoie est simple. Il vit dans la nostalgie du web 0.3 –  c’est à dire il y a à peu près 15 ans.

Au cours de ces années, j’ai un peu vieilli dans ma tête (dans mon corps aussi). je n’ai plus besoin de la confrontation avec les autres pour me sentir artiste. Je le suis car je l’ai décidé. Point barre. Cela ne veut pas dire que j’ai une confiance absolue en moi, bien au contraire. je poursuis mon petit bonhomme de chemin,  sans faire chier le monde.  Avec toujours la même passion.

Ducon Lajoie a du mal à comprendre cette attitude. Con un jour, con toujours.

Racisme ordinaire

Madame bobig est assistante de direction dans la finance. Mariée, deux enfants, elle habite dans la petite ville bourgeoise du Raincy. Ha j’oubliais…madame bobig a la peau noire.

Quand on a la peau noire dans un milieu huppé, on assiste à certaines scènes cocasses, preuve d’un racisme ordinaire qui ne se cache plus. La première anecdote date de quelques mois, lors d’une réception professionnelle chez un grand directeur de banque. Arrivé dans l’appartement où avait lieu la soirée, madame Bobig s’approche des convives. Un homme s’adresse à elle : « Vous êtes la nanny ? enchanté les enfants doivent être là bas ».
Hé oui, quand on est une femme noire, on ne peut être que l’assistante maternelle à domicile, pas l’assistante de direction.

Même quiproquo chez un boucher du Raincy. madame Bobig va souvent y chercher sa viande. Le commerçant lui semblait un peu froid mais elle n’y prêtait pas attention jusqu’au jour où elle y est allé avec une copine – Une grande blonde. Le commerçant sûr de lui regarde la grande blonde et lui dit « ha c’est donc pour vous que la Mademoiselle achète de la viande » . hé oui ! quand on est une femme noire dans une boucherie on n’est pas une mère de famille mais du petit personnel d’une famille bourgeoise.

Le dernier exemple en date est un collector qui se passe dans ma copropriété – le hasard a fait que nous avons toutes les religions représentées, on se croirait dans les émissions religieuses du dimanche matin.
Nous rencontrons un patron d’une entreprise d’élagage de Villemomble. Imaginez Patrick Sébastien en plus gras et avec la braguette ouverte. On tient le personnage. Il veut vendre un palmier pour le jardin de ma voisine juive.

– 250 euros c’est cher quand même..
– madame vous êtes juive ou quoi ? parce que les juifs ils grattent sur tout. de vrais rapaces !

On le regarde tous estomaqué. « oui je suis juive… », il continue sa discussion comme si de rien n’était, puis regarde madame Bobig :

– Vous faites quoi dans ce pays ? vous devriez rentrer chez vous…c’est plein de stress ici !
– mais je suis française…

Dans ma tête, plusieurs solutions se bousculent : le jeter de la copro en l’insultant ou le laisser croupir dans son racisme beauf. je choisis cette dernière. Par lacheté ? non je pense tout simplement qu’il est irrécupérable.
Je le raccompagne à la porte, quand soudain il se rend compte qu’il a fait un peu fort sur la communauté juive, il se lance donc dans une dernière saillie :

– pour les juifs, c’est sûr ils sont rapaces mais les arabes sont pires, ce sont des meurtriers et des tortionnaires.

Anecdote, il balance ce dernier argument devant la maison de nos voisins musulmans. Très classe !

je n’ignore pas que Le racisme a toujours existé mais je constate une évolution inquiétante. Désormais la haine de l’autre s’exprime librement. Les préjugés sont balancés à la gueule sans scrupule. sans honte. C’est légèrement flippant.

La bibliothèque

Au début des années 80, j’avais l’habitude de me rendre à la bibliothèque municipale de Noisy le sec. Elle était située non loin de la place Jeanne d’Arc, dans une ancienne maison de notaire.

Je m’y rendais souvent les mercredis après midi. j’avais deux rayons favoris :

  • la bande dessinée

Je me souviens avoir dévorer la totalité des Philémon de Fred Je copiais patiemment les personnages et je continuais les aventures de ce héros dans des cahiers de dessin. Idem avec Gotlib.

  • L’Art

Avec un grand « A ». chaque semaine je prenais un livre différent – Du Caravage à Picasso en passant par Dali. Mon ambition était simple. j’allais à mon tour révolutionner la peinture !!

1999, je n’ai rien révolutionné mais je suis devenu Bobig depuis quelques années. Hasard ou signe du destin, ma bibliothèque est devenue un centre d’art contemporain. Qui sait ? peut être que dans quelques années, il y aura une rétrospective Bobig dans ce lieu. si quelqu’un du centre d’art de Noisy le Sec lit cet article, je suis preneur.

De gauche

Quelques jours avant les élections. j’interroge Bobig junior sur son futur choix. Sarkozy ou Hollande. Sa réponse est nette et précise :

 

[quote] »je m’en fous, je ne vote pas, ça ne m intéresse pas »[/quote]

J’ai beau lui expliquer que l’on peut avoir une opinion sans la possibilité ou volonté de voter, rien n’y fait. Il ne se sent pas concerné.

Je suis un peu décontenancé par son attitude car la politique est une grande tradition familiale. Contrairement à mon fils, je me suis intéressé à la politique très jeune avec le film « l’homme de fer » réalisé par Andrzej Wajda en 1981. Voici le synopsis issu de wikipédia.

Pendant les grèves des chantiers navals de Gdańsk au début des années 80, Maciej Tomczyk, un ouvrier marqué par la mort de son père, milite en faveur des droits sociaux. Le gouvernement communiste charge alors Winkel, un employé de la télévision d’État, d’infiltrer le mouvement et d’enquêter sur Maciek afin de le discréditer aux yeux de l’opinion publique. Au cours de son investigation, Winkel réalise qu’il est victime d’une manipulation. Malgré la pression exercée par sa hiérarchie, il finit par se joindre aux grévistes.

les luttes ouvrières du syndicat « Solidarność » en Pologne. ce mouvement populaire en lutte contre le pouvoir dictatoriale en Pologne allait marquer mon jeune esprit. la lutte collective contre un pouvoir abusif. la solidarité entre les citoyens. A l’age de 13 ans, j’ai donc pris conscience que la politique pouvait changer les choses, bousculer les barrières.  Depuis, malgré les déceptions, je continue à y croire. Le « tous pourris » est trop facile. j’aimerai faire prendre conscience à mes enfants qu’il faut s’intéresser à la société dans laquelle on vit. J’espère que certains de mes articles les inciteront à s’informer ou mieux,  à s’engager. Pour leur expliquer ma position politique, j’ai trouvé une citation de Gilles Deleuze  :

 

[quote type= »center »] »Être de gauche c’est d’abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi : être de droite, c’est l’inverse »[/quote]

Les enfants, si vous me lisez. Je suis de gauche.

The portail

Après quelques jours de bidouillages, d’importation et de nettoyage de bases de données, on peut dire que ce site est devenu le portail unique de Bobig (oui je parle de moi à la troisième personne) .

Il me reste quelques rustines à poser sur certains endroits..mais tout y est…les travaux en cours, le portfolio, le blog, les images de ma vie ordinaire, mes anecdotes de casual gaming et mes reniflages…si un de mes proches me dit à nouveau qu’il est perdu avec toutes mes activités sur internet, je m’arrache un œil !

Le méchant des avengers

Dans les films Marvel, il y a toujours une scène après le générique qui annonce la suite des événements : un nouveau héros ou l’arrivée d’un méchant. A la fin des avengers, il ne fait pas de doute que nous avons affaire à un vilain pas beau. Miss Bobig me harcèle depuis hier pour connaitre son identité. La réponse est…

…Thanos. Voici la bio de ce super méchant issu du site Cineheroes :

Il y a plusieurs millions d’années, une race d’êtres dotés d’immenses pouvoirs cosmiques et mesurant plus de 600 mètres de haut en moyenne, les Célestes, débarquèrent sur la Terre. Leurs expériences sur les humains donnèrent naissance à deux races : les Éternels et les Déviants. Thanos est un Titan, une branche de la race des Éternels qui quittèrent la Terre voici plusieurs siècles pour la lune de Saturne à laquelle ils donnèrent leur nom. Il est le fils du mentor Alars et de Sui-san. Contrairement à son frère jumeau Éros, Thanos naquit avec un physique ingrat : peau violette, corps massif. Il passa auprès des autres Titaniens pour anormal, porteur du mal génétique dit syndrome du déviant et incapable de succéder à son père à la tête du peuple. Ce rôle fut octroyé à son frère.

Rejeté par les siens, Thanos trouva une compagne dans un temple souterrain oublié : Dame Mort fut son seul amour et sa seule consolation durant toute son adolescence. Instruit par elle, il acquit un pouvoir surpassant celui de tous les autres Titans. L’âge venant, Thanos commença à se révolter contre son père et leurs disputes dégénérèrent en hostilité. Une des expériences de Thanos ayant coûté la vie à plusieurs de ses sujets, il fut banni de Titan. De l’aveu même de Thanos, quelque chose en lui se brisa pendant ces siècles d’exil. Le cœur débordant de haine, il retourna sur Titan et lança une attaque nucléaire sur son propre monde, tuant des milliers de personnes, y compris sa mère, seule personne qu’il aurait peut-être voulu épargner. Son père et son frère étant dans l’espace lors de l’attaque, ils échappèrent au massacre. À l’aide des Vengeurs, Mentor put repousser Thanos, puis s’attela à reconstruire son monde.

Voilà Miss Bobig…tu sais tout maintenant

J’adore mon boulot

7h00 du mat’, j’ai des frissons.Après un réveil difficile, me voilà au boulot, devant l’éclairage blafard de mon écran 22 pouces. Il va falloir tenir 8 heures. ça ne va pas être facile. Une seule envie en tête : rentrer à la maison et commencer ma grande peinture. Rien que d’y penser, cela embellit ma journée…l’art comme thérapie contre l’ennui.

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Scandale au Raincy

Alors là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.  Ce soir, Miss Bobig devait aller à une super soirée à la maison des jeunes de notre bonne ville de Raincy.  Elle me téléphone en début d’après midi.

– Papou, j’ai les boules, notre soirée n’a pas lieu dans la salle de la maison des jeunes !

– C’est annulé ?

– Non, la soirée est déplacée vers le centre des loisirs dans une plus petite salle..les boules..

– c’est quoi la raison ?

– Jeudi 26  il y a une réunion publique avec un vieux politicien caca qui frétille avec les idées d’extrême droite !

– Ma pauvre c’est pas grave…ne t’inquiète pas, bientôt il ne fera plus de réunions publiques.

 

Le Schtroumpf grognon

Hier midi, lors d’un bon petit repas, une amie me conseille un site d’art qu’elle lit régulièrement « Le Schtroumpf Emergent ».

– C’est quoi ce site ?
– Tu verras Bobig, c’est très bien. ça parle d’art contemporain, tu vas apprécier…

Le soir même, je me connecte, heureux de découvrir une nouvelle source d’information. Mise en page minimale, l’auteur s’appelle Nicole Esterolle qui développe un concept simple : Le Schtroumpf Emergent. j’ai vite compris que derrière ce qualificatif était décrit l’artiste contemporain. Je cite :

Le Schtroumpf émergeant ne sait pas dessiner ni peindre. Il bricole tout juste. Il est parfaitement inculte en histoire de l’art, hors celle qui concerne ses référents. Il est puissamment armé en arguments rhétoriques d’une extrême sophistication, qu’il peut répéter mécaniquement ; et qui lui permettent de justifier son engagement socio-esthétique, sa lutte contre le vilain bourgeois réactionnaire, sa volonté farouche de déconstruire les modèles, de dénoncer la ringardise, de faire exploser les conventions, les codes, les icônes, etc. ; et de fusiller sur le champ les mécréants qui osent douter de la pertinence de ces inepties. C’est un vrai révolutionnaire terriblement subversif et hautement performatif, une bombe conceptuelle capable de faire péter les icônes, comme les talibans les statues de Bouddha.

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En lisant ce texte , on pense vite que l’auteur est la cousine du Schtroumpf grognon, il y a du mépris. Je suis un peu déçu mais la visite n’est pas terminée. je continue mon exploration des lieux en dirigeant mon attention vers la rubrique « Le mot de Nicole Esterolle ». Je vais faire de la psychologie de seconde zone mais en lisant sa présentation, on sent de l’aigreur. L’auteur spammait régulièrement 3000 (!!!) journalistes chroniqueurs et critiques d’art des principaux journaux français sans aucun résultat. Peu importe, son désir de s’exprimer est trop fort, d’où la création du site…pour installer un lieu d’échanges d’informations et de réflexions sur cette étrange production schtroumpf que l’on appelle « art contemporain ».

Première réaction, je fonce regarder les commentaires du blog. et là, ça commence trés mal : Sur la première page, les commentaires sont fermés. On réalise vite que ce blog ne partage rien à part un soliloque agressif. L’objectif est simple : prendre un artiste contemporain et se moquer de son parcours, de ses idées, de son travail bref Nicole Esterolle me fait furieusement à Jean Pierre Pernaud à la grande époque de « combien ça coute ». L’écriture n’est pas régulière. En furetant dans les articles on découvre ça et là des copiés collés d’articles de Paul Ardenne. Peu importe. Le désir de ce site est de taper sur l’art contemporain. Point barre. Le seul soucis est que les arguments sont convenus. N’est pas Yves Michaud qui veut.

Pire. En lisant certaines de ses chroniques, mon esprit, sans doute trop simple, finit par trouver que l’auteur fait à son tour de la branlette conceptuelle. Un comble pour quelqu’un qui exècre ce domaine artistique. J’ai recherché en vain une amorce de dialogue dans les commentaires autorisés. Rien. Pas de dialogue, pas de débat. Et un manque de tolérance inquiétant.

Cela me conforte dans mon opinion. Le territoire artistique est un monde avec de multiples facettes. On peut ne pas apprécier l’une ou l’autre. mais le discours agressif ne mène généralement à rien. On atterrit toujours dans ce cercle vicieux où aucun dialogue n’est possible. Chez les pro comme les anti-art contemporain, certains ont de telles certitudes qu’ils souhaitent les imposer à autrui. Alors que finalement à y bien réfléchir, il n’y a pas qu’une seule vérité en art mais des vérités et chacun peut y trouver son compte. Il ne faut pas oublier une idée primordiale que le critique d’art Etienne Choubard m’a dit il y a quelques années :

L’art c’est n’importe quoi, et c’est tant mieux