Tout a commencé lors d’un repas, bobig junior m’a demandé un truc : « peux ‘sser seul » j’ai levé la tête, lancé un appel au secours à la mère de ce grand garçon de 14 ans.
J’ai fait mine de ne pas l’avoir entendu. « peux ‘sser seul ? splai ».
– excuse moi je ne comprends rien.
Il a soufflé bruyamment puis la phrase est sortie « tu peux me passer le sel s’il te plait » . Cette formule semblait lui avoir arraché les tripes. Je lui ai tendu la salière.
Au départ, j’ai pensé faire un examen de mon audition. mais en abordant le sujet avec madame bobig, j’ai vite compris que le problème ne venait pas de mes oreilles vieillissantes. Bobig junior rentrait dans l’age de l’adolescence. Avec ma propre expérience, je savais que la voix muait mais j’avais totalement oublié ce langage fait de borborygmes et de mots à peine prononcés.
Après un conflit , je l’ai entendu téléphoner à un de ses potes « tvois mes p’rents serv t’a rin ». Tel Champollion étudiant les hyéroglyphes, je me suis attaqué au décryptage de cette sentence : « tvois mes p’rents serv t’a rin ».
Deux nuits d’insomnie à ressasser cette phrase, pour enfin deviner le sens. Je n’ai pas été déçu : « Tu vois mes parents ne servent à rien ». D’un comme un accord avec madame Bobig, nous avons pris la décision de ne pas traduire le langage adolescent. Inutile de se faire du mal.