On vit une époque formidable. Depuis quelques mois, on me traite d’islamo-gauchiste, on me demande de prendre des doses de Padamalgam. J’assiste maintenant à un dernier argument : je suis dans le déni.
explication : En utilisant le mot islamophobie, on empêcherai toute critique de l’islam intégriste et on fermerait les yeux sur sa progression en France. j’ai lu cet argument à peu près partout, chez Laurent Bouvet, Sifaoui..et ailleurs. Bref toujours les mêmes experts.
1 – Nier la dimension religieuse du terrorisme
Le nombre de fois que je lis cette connerie est astronomique. Alors une bonne fois pour toutes, on assiste à à une confrontation entre un islam traditionnel et un islam salafiste. Le nier serait d’une connerie aberrante. Dire sans réfléchir que l’islam est une religion de paix ou de violence est aussi idiot. Le fait est que la réalité est beaucoup plus complexe et parler sans s’informer et lire sur ce sujet revient à pisser dans un violon et laisser pourrir la situation.
[parenthèse] je vous conseille la lecture de cet ouvrage d’Adrien Candiard » Comprendre l’Islam – ou plutôt : pourquoi on n’y comprend rien » qui permet d’avoir un éclairage sur l’islam [/parenthèse]
j’ai lu le coran. c’est un livre très ardu qui se découvre avec des lectures annexes et la compréhension d’un contexte historique. J’avoue que c’est un domaine passionnant qui se découvre peu à peu avec du travail. Ce n’est pas à la portée de tout le monde. cette difficulté à appréhender moi même ce sujet m’a fait réalisé que s’il y a une dimension religieuse dans le terrorisme , elle est minime. Je m’explique.
L’islam pour les futurs radicalisés n’est pas un guide mais la solution. Prétexte à un délire communautaire, à une revanche sur la vie. Il faut constater que les profils de ces tueurs de Charlie hebdo et du Bataclan ne brillaient pas d’une intelligence et d’une honnêteté à toutes épreuves. On a droit aux délinquants, aux violents…etc…comme le rapportait d’ailleurs le juge Marc trévidic du pôle antiterroriste de Paris, certains revenants des zones de combat qu’il a interrogés ne connaissaient pas les cinq piliers de l’islam. Un comble ! imaginez un catholique ne pas connaître Le « Notre Père ».
Bref, c’est certain qu’il y a une dimension religieuse mais , à mon humble avis, elle n’est qu’un prétexte pour des crétins qui auraient du lire ces propos rapportés du prophète :
« une heure de quête du savoir vaut mieux que prier pendant 70 ans » ou encore « l’encre du savant est plus sacrée que le sang du martyr »
ça nous change des propos guerriers à la sauce « état islamique » mais moins attirant car cela demande de l’effort de réflexion et hélas, ce n’est pas l’objectif de ces crétins de terroristes qui se rêvent en djihad comme certains se rêvaient dans « top gun ». A lire cet article du monde
2 – On ne peut pas critiquer l’islam
quand je lis cet argument, j’ai tendance à me pincer très fort le téton gauche pour réaliser que je ne cauchemarde pas. Dire que l’on ne peut pas critiquer l’islam en France et relire les couvertures :
Sans blaguer, vous pensez vraiment que depuis les années 70 et le crise pétrolière on ne critique pas l’Islam. Je pense même que c’est devenu un sport national. on nous bourre le crane à longueur d’années sur le danger de l’islam. Depuis septembre 2001, 15 années de conneries diplomatiques et de guerres meurtrières. Ces critiques constantes reprises ensuite par nos politiques a réussi à créer un climat nauséabond qui sert l’extrême droite.
Au lieu de rester uni, on se querelle entre gauches sur l’utilisation du mot « islamophobie ». en juillet 2015, j’écrivais ceci [ première fois de ma vie que je m’autocite ] :
Le racisme anti-arabe est devenu une haine de l’islam. Le fond est le même mais c’est la forme qui a changé. Critiquer une religion est plus facile que de pointer du doigt l’arabe qui vole le pain du français. Dans l’esprit du français , islam = arabe. La critique de l’islam comme religion permet de reprendre un discours anti-immigration. Bref, revoilà l’extrême droite.
c’est toujours d’actualité un an après. et pour cause, les événements n’arrangent pas les choses. l’islamophobie se fait de plus en plus visible. on ne fait plus distinction entre un salafisme, identique à un intégrisme catholique, et un islam traditionnel pratiqué par une grande majorité des musulmans en France. il suffit de voir les réactions des français suite à l’attaque du fou furieux à Nice. Lire cet extrait fout les jetons.
Vous avez remarqué la différence. On ne parle plus de religion mais d’étranger. On rejette en bloc ce qui ressemble de prés ou de loin à un arabe. Tu t’appelles Mourad, tu es un musulman car c’est ton prénom qui te définit. Peu importe si tu es athée ou catho, pour les cons à la robert Ménard tu es un musulman car arabe. islamophobie n’est pas l’absence de critique sur la religion c’est tout simplement la haine de l’arabe responsable de tous les maux.
Vous en voulez encore une preuve de l’islamophobie rampante, voici le témoignage d’une française qui a perdu sa mère dans l’attentat :
Et pendant ce temps là, on se masturbe le cerveau sur l’utilisation d’un mot. Pure perte de temps car s’il y a effectivement un intégrisme musulman (comme dans toutes religions), il y a un mouvement qui fait de plus en plus parler de lui : l’extrême droite. A chaque faits divers, des comptes twitter propagent des rumeurs concernant une police des mœurs islamistes, une femme soumise poignardée à cause de sa tenue. L’objectif n’est pas de parler des faits mais de produire de la peur puis de la haine dans un seul but : casser du musulman. comment peut on définir ce tweet de riposte laïque autrement que par d l’islamophobie ?
Ces exemples de haine pullulent sur les réseaux et de plus en plus dans la réalité. combien de fois lorsque je défendais un point de vue je me suis fait traiter de converti. comme si se convertir à l’islam était un risque de tomber dans le terrorisme. Mieux, il m’est arrivé de dire bonjour en arabe et en retour j’ai eu un regard glacé. Comme si tout ce qui était arabe était négatif. Flippant.
En fait, ce n’est pas la religion qui se radicalise, c’est la société française dans son ensemble. J’ai bien peur de voir une confrontation entre une extrême droite qui devient de plus en plus violente contre des musulmans qui n’ont rien demandé à personne et qui sont les premières victimes de ces attentats.
3 – il faut durcir la laïcité
Dans le précédent chapitre, j’abordais la radicalisation de la société. Cela passe aussi par des propositions de lois absurdes. Au lieu d’appliquer la loi sur la laïcité de 1905 avec calme et fermeté, nous avons des champions qu’ils veulent durcir les règles. je pense au « printemps républicain » ou au faux mouvement citoyen « laicart ». Comme par hasard, la religion qui est souvent visée par ces mouvements est l’islam. Du gâchis de temps et la triste sensation que ces laïcistes jettent de l’huile sur le feu pour diviser au lieu d’unir un pays dans l’épreuve. Épuisant.
Alors bien sûr, j’essaie de débattre , de comprendre leurs points de vue. Bilan : on me bloque. tous les discours qui les dérangent sont bloqués sur les réseaux sociaux. Attitude radicale non ?
4 – Et alors ce déni ?
Depuis plusieurs années, j’ai l’impression de radoter sur ce sujet. Alors une bonne fois pour toutes, je vais préciser : je ne dénie pas la radicalisation d’une religion, je constate surtout une radicalisation de l’ensemble de la société française.
Il n’y a plus aucune modération chez nos politiques ou journalistes. On traite l’information sous un angle émotionnel sans aucun recul. Le traitement de l’attaque de Nice est révélatrice. Gouvernement et médias se sont précipités sans avoir tous les éléments. Conséquences : un emballement mondiale. Des polémiques à n’en plus finir et une fracture encore plus grande entre la communauté musulmane et la république française.
On ne dialogue plus dans ce pays. 84 civils morts à Nice. première réaction du gouvernement : on va attaquer encore plus fort en Syrie, en Irak …bilan quelques jours après notre funeste 14 juillet :
Bordel de merde, je ne veux pas des bombardements, je veux du dialogue. je veux débattre et trouver des solutions. Lutter contre la radicalisation de la société passe par la connaissance, du savoir et du recul. Tant que l’on adoptera le même rythme de réflexions que les réseaux sociaux (proche de zéro), on ira droit dans le mur.