J’ai souvent l’image de l’artiste à l’attitude dilettante, pourtant je n’hésite jamais à saisir le moindre prétexte pour avoir une carrière internationale. Seul soucis, ça merdouille régulièrement.
Je suis artiste depuis 1991. Depuis cette date, grâce à ma bonne étoile, j’ai toujours fait des rencontres qui m’ont permis d’approcher le petit milieu de l’art contemporain, mais jamais de faire décoller ma carrière.
New York. Septembre 2008. Restaurant le Bernardin. Je me retrouve dans un diner avec le milieu financier et culturel new Yorkais (ne me demandez pas comment je peux atterrir dans cet endroit prestigieux, c’est trop long à expliquer).
Après les présentations des convives, je réalise que Lisa Dennison, ancienne directrice du guggenheim, est assise à ma table. Bordel de merde, vous vous rendez compte. Ancienne Directrice du Guggenheim, maintenant chez Sotheby’s !! Elle est trop éloignée pour que je puisse lui parler. A ma droite, juste après madame Bobig, je comprends qu’il y a son mari. Alors là j’ai une pensée fulgurante.
« Bobig ! tu as un coup à jouer…à toi New York !! ton concept d’art gratuit va les scotcher !! fonce petit attaque !! mords !! »
Madame Bobig qui maitrise parfaitement l’anglais me le présente. On parle de notre visite new-yorkaise, de la météo bref une discussion bien ordinaire. Le sujet glisse sur l’art et là j’attaque…en pensant qu’il va parler de mes œuvres à sa femme.
Il est bon de préciser que je suis une grosse quiche en anglais. Vous rajoutez ma timidité maladive et vous avez un cocktail explosif. Pendant 15 minutes, j’essaie vainement d’expliquer mon concept d’art gratuit avec un accent à s’arracher la langue. Je vous résume :
-Iou now eye making free art andeu verybody canne have a bobigsss worqueu…
Un silence pesant. je bafouille mon slogan « free art = free artist », sourire bête figé. J’ai bien senti que je faisais fausse route. Ne maitrisant pas mes bêtises artistiques, madame Bobig n’ose pas m’aider. Au final, le mari de Lisa est plus intéressé par son repas que par mon concept révolutionnaire.
J’ai bien apprécié les plats, mais ma carrière internationale a pris un peu de retard ce soir là.