Hier midi, lors d’un bon petit repas, une amie me conseille un site d’art qu’elle lit régulièrement « Le Schtroumpf Emergent ».
– C’est quoi ce site ?
– Tu verras Bobig, c’est très bien. ça parle d’art contemporain, tu vas apprécier…
Le soir même, je me connecte, heureux de découvrir une nouvelle source d’information. Mise en page minimale, l’auteur s’appelle Nicole Esterolle qui développe un concept simple : Le Schtroumpf Emergent. j’ai vite compris que derrière ce qualificatif était décrit l’artiste contemporain. Je cite :
Le Schtroumpf émergeant ne sait pas dessiner ni peindre. Il bricole tout juste. Il est parfaitement inculte en histoire de l’art, hors celle qui concerne ses référents. Il est puissamment armé en arguments rhétoriques d’une extrême sophistication, qu’il peut répéter mécaniquement ; et qui lui permettent de justifier son engagement socio-esthétique, sa lutte contre le vilain bourgeois réactionnaire, sa volonté farouche de déconstruire les modèles, de dénoncer la ringardise, de faire exploser les conventions, les codes, les icônes, etc. ; et de fusiller sur le champ les mécréants qui osent douter de la pertinence de ces inepties. C’est un vrai révolutionnaire terriblement subversif et hautement performatif, une bombe conceptuelle capable de faire péter les icônes, comme les talibans les statues de Bouddha.
En lisant ce texte , on pense vite que l’auteur est la cousine du Schtroumpf grognon, il y a du mépris. Je suis un peu déçu mais la visite n’est pas terminée. je continue mon exploration des lieux en dirigeant mon attention vers la rubrique « Le mot de Nicole Esterolle ». Je vais faire de la psychologie de seconde zone mais en lisant sa présentation, on sent de l’aigreur. L’auteur spammait régulièrement 3000 (!!!) journalistes chroniqueurs et critiques d’art des principaux journaux français sans aucun résultat. Peu importe, son désir de s’exprimer est trop fort, d’où la création du site…pour installer un lieu d’échanges d’informations et de réflexions sur cette étrange production schtroumpf que l’on appelle « art contemporain ».
Première réaction, je fonce regarder les commentaires du blog. et là, ça commence trés mal : Sur la première page, les commentaires sont fermés. On réalise vite que ce blog ne partage rien à part un soliloque agressif. L’objectif est simple : prendre un artiste contemporain et se moquer de son parcours, de ses idées, de son travail bref Nicole Esterolle me fait furieusement à Jean Pierre Pernaud à la grande époque de « combien ça coute ». L’écriture n’est pas régulière. En furetant dans les articles on découvre ça et là des copiés collés d’articles de Paul Ardenne. Peu importe. Le désir de ce site est de taper sur l’art contemporain. Point barre. Le seul soucis est que les arguments sont convenus. N’est pas Yves Michaud qui veut.
Pire. En lisant certaines de ses chroniques, mon esprit, sans doute trop simple, finit par trouver que l’auteur fait à son tour de la branlette conceptuelle. Un comble pour quelqu’un qui exècre ce domaine artistique. J’ai recherché en vain une amorce de dialogue dans les commentaires autorisés. Rien. Pas de dialogue, pas de débat. Et un manque de tolérance inquiétant.
Cela me conforte dans mon opinion. Le territoire artistique est un monde avec de multiples facettes. On peut ne pas apprécier l’une ou l’autre. mais le discours agressif ne mène généralement à rien. On atterrit toujours dans ce cercle vicieux où aucun dialogue n’est possible. Chez les pro comme les anti-art contemporain, certains ont de telles certitudes qu’ils souhaitent les imposer à autrui. Alors que finalement à y bien réfléchir, il n’y a pas qu’une seule vérité en art mais des vérités et chacun peut y trouver son compte. Il ne faut pas oublier une idée primordiale que le critique d’art Etienne Choubard m’a dit il y a quelques années :
L’art c’est n’importe quoi, et c’est tant mieux
Et monsieur Choubart a fortement raison (:
J’ai écrit Choubard avec un « t » final, je suis une mécréante.
(A part si il a un jumeau tintinophile)
hihihi l’idée du jumeau est à explorer 🙂
« L’art c’est n’importe quoi, et c’est tant mieux »
Cette phrase a trôné quelques temps sur le tableau de mon bureau, merci Bobig de me l’avoir rappelé. la jumelle