Réunion de service. La directrice nous présente le bilan de l’année 2011 et les projets pour l’avenir. Elle a le sourire, l’ambiance est optimiste. Sur l’écran, on nous présente des statistiques. Les chiffres sont positifs. Tout va bien. elle continue son discours « gracé à la dématérialisation, les gestionnaires ont de moins en moins de papier sur leurs bureaux, tout se traite à l’écran, un gain de temps et de meilleures conditions de travail ! ». Je la regarde tristement. elle est convaincue par ces chiffres alors que la réalité est toute autre.
Sur le terrain, il y a toujours autant de papier sur les bureaux. Les gestionnaires n’intègrent pas leurs documents en scanner pour éviter d’avoir des statistiques trop fortes et être mal jugés par leurs encadrements. Il faut dire qu’avec les suppressions de postes, les conditions de travail sont devenues de plus en plus difficiles (on a déjà eu droit à une tentative de suicide sur le lieu de travail). Certains cadres demandent parfois à leurs agents de tricher sur les chiffres (mettre un zéro dans une colonne, on reportera le chiffre le mois prochain…).
Dans mon boulot, depuis quelques années, je suis dirigé par des jeunes d’une trentaine d’années qui vouent un culte aux fichiers Excel. Peu importe l’ambiance sur le terrain et les risques psycho-sociaux, si les chiffres sont bons, tout va bien dans le meilleur des mondes. je les appelle les « excel-man ».
Cette folie des chiffres et des statistiques me fait penser à l’attitude des institutions financières concernant la crise grecque. L’Europe demande jour après jour, de plus en plus d’effort à ce pays pour avoir un joli chiffre en fin d’année. Peu importe les conditions de vie des habitants, le fichier excel qui va atterrir sur les bureaux de Bruxelles et du FMI a une plus grande importance que la vie de millions de personnes. On vit une époque formidable !!