Première période
Pour les dernières élections municipales, un site et un compte twitter sont apparus : On vous voit et un compte twitter.
Le compte Twitter a disparu.
Le site existe toujours. On va s’y attarder un peu avant qu’il disparaisse . Le lien est ici.
Plateforme éphémère produite par des militants universalistes. Ces militants sont, en fait, membres ou sympathisants du Printemps républicain. Sur les 62 articles recensés, une très grande majorité concerne principalement l’arrangement électoral avec l’Islam.
Ci dessous un article signé @2emeDB73. Auteur anonyme et un des fondateurs de ce site.
Le nom du compte est révélateur. Il fait référence à la deuxième division blindée du général Leclerc et le serment de Koufra où le général promettait de libérer Strasbourg des nazis. Nous sommes en 2021 et choisir un tel pseudonyme est loin d’être anecdotique. Ce compte suggère t-il que nous sommes occupés par une puissance étrangère. Si oui ? laquelle ? Avec les articles du site, nous avons rapidement une piste. Il s’agit principalement des musulmans.
Autre fondateur du concept, on retrouve Benjamin Vulbeau. Un membre du printemps républicain particulièrement agressif sur les réseaux sociaux.
Pour les élections municipales, le printemps républicain comptait sans doute sur ce site pour semer le trouble et booster leurs candidats préférés : Frederique Calandra, Marlene Schiappa, Pierre Liscia…
Nous pouvons dresser un premier bilan de cette plateforme en 2020. Un échec total. Peu d’audience, un désintérêt pour la démarche. Pire, tous les candidats du printemps républicain ont pris une taule mémorable. Il faut se souvenir que Marlène Schiappa a même foiré sa présence au conseil de Paris. Mieux, EELV a réussi à conquérir des villes importantes. Bravo les champions.
Deuxième période
- le retour
Après les municipales, il y a eu une longue pause. Puis le compte « on vous voit » est réapparu. Les municipales sont un lointain souvenir. Voici la nouvelle présentation pour les régionales.
On peut déjà rire sur la notion de non partisane. En politique, quand un groupe se présente apolitique, vous pouvez être sur à 97 % que ça pue la droite ou l’extrême droite. Dés la présentation, on retrouve donc cette méthode.
Mise à jour du 4 juin 2021.
De plus, quand on s’informe sur l’expression « on vous voit », on tombe assez rapidement sur l’extrême droite (exemple ci dessous avec la cocarde étudiante – toute ressemblance n’est pas fortuite)
Nouveau site internet sur medium. Peu d’articles. quelques liens. On retrouve d’autres noms comme Johann Margulies, Aïda Idrissi ou Rachel Khan. Cela confirme que la plateforme est bien partisane. Cela renifle la petite équipe de Manuel Valls, le printemps républicain. Le site a une audience médiocre avec 13 followers. On suppose que la principale activité aura lieu sur twitter.
2. La méthode
Si un candidat a un nom arabe et qu’il est sur une liste EELV ou France insoumise, il suffit de faire une recherche avancée twitter ou Facebook avec des mots clés. Quelques exemples de hashtags : Tariq ou mieux Hani Ramadan, islam, juif, Israël, Charlie hebdo, CCIF. Ensuite il faut interpréter les posts pour en extraire l’aspect islam politique.
Quand on tombe sur des publications abordant ces sujets , l’étape suivante est de pointer les ambiguïtés de la personne.
Imaginons que 2emDB73 farfouille mon compte et découvre un tweet où je ne comprends pas la dissolution du CCIF (collectif contre l’islamophobie en France) Le fait que je sois contre la dissolution d’une association ne signifie pas que je sois d’accord avec leurs idées. Mais peu importe, cette plateforme transformera ce tweet en :
Il semble que Bobig apporte un soutien à l’islam politique avec ce tweet de soutien au CCIF
Ce compte est un habitué des raccourcis. Dernier exemple en date suite à un fil de discussion où je critique leurs méthodes. J’ai expliqué sur twitter que je vote blanc au premier tour et contre le FN/RN au deuxième tour.
Mon vote blanc va devenir une abstention.
Après la description de la méthode, on va analyser deux cas.
3. La bonne pioche
- Abdelaziz Hafidi . Nom arabe. bon point pour lancer la recherche.
- Représentant EELV -France Insoumise – Générations. parfait, on tape sur les opposants du printemps républicain.
Comme vous le constatez sur cette capture écran, les termes sont importants. On ne le désigne pas islamiste mais avec des sympathies islamistes. Tout est dans le non-dit, on accuse pas directement. Sans doute, la peur d’un procès en cas d’erreur. On continue la recherche avancée.
Bingo ! le premier mot clé tombe direct. Sur Facebook, cette personne réclame la liberté de tariq Ramadan en mai 2020.
Nous avons donc là un soutien à la mouvance islamiste. Cela veut dire quoi ? de quelle mouvance parle t-on ? On n’en saura rien car le but du jeu n’est pas d’expliquer mais de dénoncer. Dans cette plateforme ou dans la fachosphère, on retrouvera souvent le terme mouvance islamiste qui veut tout dire et son contraire. L’objectif principal étant de faire peur, pas de raisonner.
Ci dessus, la plateforme a repéré des posts d’Hani Ramadan, ainsi qu’un soutien au collectif contre l’islamophobie en France et Barakacity. Avec ces quelques liens, on peut facilement jeter le doute sur une personne. Cerise sur le gateau si on trouve des propos antisémites comme c’est le cas ci dessous.
Suite à ce fil de discussion ce candidat a été, logiquement et heureusement, retiré des listes.
4. les erreurs
Repérer les erreurs n’est pas aisé. Premièrement, parce que cette plateforme manie le soupçon et les accusations par associations et qu’il faut éplucher chacun de leurs tweets pour debunker le vrai du faux. Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier.
Le vrai danger est que les personnes cachées derrière cette plateforme n’ont aucune expertise. Ils me font penser au personnage d’Antoine de Caunes gérard languedepute mais version islamopathe
L’erreur la plus grosse démontre le vrai danger de ce type de méthode. En 2020, « on vous voit » accuse Abdelfattah Rahhaoui (directeur de l’école musulmane Al-Badr à Toulouse) de poser gaiement aux côtés du djihadiste Fabien Clain.
L’accusation est gravissime mais surtout fausse car cette image date de mai 2016, Fabien Clain était en Syrie à cette époque. Sa présence était impossible [ source ]
Le fil de discussion a été partagé par des comptes importants du printemps républicain comme Gilles Clavreul. La perle concerne l’erratum de la plateforme.
On résume : on a accusé à tort une personne de fréquenter un djihadiste mais ce n’est pas grave. Cela en dit long sur l’honnêteté de cette association.
5. Qui sont ces gens ?
Quand on se lance dans le rôle de justicier, il faut avoir le cul propre. Ce n’est pas le cas de cette plateforme car si on applique la méthode « on vous voit » à l’un de ses fondateurs Benjamin Vulbeau, on découvre de jolies surprises comme la fréquentation des Charles, groupuscule qui sévissait et harcelait sur twitter en balançant des propos antisémites. Jugez plutôt ce tweet .
D’autres tweets démontrent que Benjamin Vulbeau est très proche de ces harceleurs en ligne. La question est simple, comment des personnes avec de telles fréquentations peuvent prétendre avoir un certificat de moralité et donner des leçons politiques via une plateforme de dénonciation.
6. La leçon à retenir
On traverse une sale période de crise. Avec le confinement, de nombreux français ont perdu leurs repères. Le danger d’une telle plateforme est qu’elle jette le doute et le soupçon avec une méthode subjective. Après les musulmans, vont ils trouver de nouvelles cibles ? la réponse est oui avec ce tweet qui renifle bon la transphobie ( les tweets sont ici, c’est consternant)
Ce qui est écrit sur twitter n’est pas toujours la vérité, surtout venant d’un groupe qui est loin d’être non partisan. Hélas, des journaux, en quête de buzz, tombent dans le panneau. Pour le journal « le Point », les deux ou trois personnes derrière ce compte twitter deviennent un collectif « constitué pour une bonne partie de militants de gauche ».
Soyons sérieux, si ce compte « on vous voit » est de gauche, je suis un astronaute. Il suffit d’analyser les partages et likes de leurs tweets pour comprendre que cette plateforme est tout sauf de gauche, mais plutôt un gloubi-boulga où l’on retrouve avec constance une fixette sur l’islam et EELV (tiens donc comme les municipales)
Plus important, les organisations politiques n’ont aucun compte à rendre à ces dénonciateurs en culottes courtes qui jouent un jeu très dangereux ne permettant plus aucun débat mais uniquement des accusations qui fleurent le Maccarthysme le plus crade. Pour résumer, c’est de la politique poubelle.