Georges Bataille – La littérature et le mal

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À travers cet essai, Georges Bataille, se fondant sur la thèse selon laquelle le Mal et la littérature sont fondamentalement inséparables, étudie huit auteurs célèbres (Emily Brontë, Baudelaire, Jean Genet…) dont il considère que les récits sont empreints du Mal et d’une culpabilité certaine. Il cherche à démontrer ainsi que la littérature, qui a pour rôle d’ébranler le lecteur et d’illustrer la prédisposition de l’homme pour le Mal, ne saurait atteindre son but si les écrivains s’éloignaient du Mal. Ci dessous un entretien passionnant :

Prédiction de Marguerite Duras

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Via les inrocks. cet extrait d’interview datant de 1985 !!

« Dans les années 2000, il n’y aura plus que des réponses. La demande sera telle qu’il n’y aura plus que des réponses. Tous les textes seront des réponses, en somme. Je crois que l’homme sera littéralement noyé dans l’information, dans une information constante. Sur son corps, sur son devenir corporel, sur sa santé, sur sa vie familiale, sur son salaire, sur son loisir.

Ce n’est pas loin du cauchemar. Il n’y aura plus personne pour lire. Ils verront de la télévision. On aura des postes partout, dans la cuisine, dans les water-closets, dans le bureau, dans les rues. Où sera-t-on ? Tandis qu’on regarde la télévision, où est-on ? On n’est pas seul. On ne voyagera plus, ce ne sera plus la peine de voyager. Quand on peut faire le tour du monde en huit jours ou quinze jours, pourquoi le faire ?

Dans le voyage, il y a le temps du voyage. Ce n’est pas voir vite, c’est voir et vivre en même temps. Vivre du voyage, ça ne sera plus possible. Tout sera bouché, tout sera investi, il restera la mer, quand même, les océans. Et puis la lecture. Les gens vont redécouvrir ça. Un homme, un jour, lira. Et puis tout recommencera. On repassera par la gratuité. C’est-à-dire que les réponses, à ce moment-là, elles seront moins écoutées. Ça commencera comme ça, par une indiscipline, un risque pris par l’homme envers lui-même. Le jour où il sera seul de nouveau, avec son malheur, et son bonheur, mais qui lui viendront de lui-même.

Peut-être que ceux qui se tireront de ce pas seront les héros de l’avenir, c’est très possible, espérons qu’il y en aura encore… »