Il n’est pas facile tous les jours d’être un militant syndical. Pire, être militant à la CFDT. Comme je l’expliquais dans un précédent article, la CFDT a l’amusante réputation de baisser son froc devant le patronat. Ce n’est pas grave, il faut faire avec, j’ai fait un choix et je l’assume.
Au boulot, nous traversons la merveilleuse période des élections. Certains me diront : « Elections = piéges à cons », je ne suis pas en désaccord mais il faut bien faire avancer les choses si on ne veut pas se faire bouffer tout cru. C’est une période qui m’emmerde car au lieu de se concentrer pour défendre les salariés, les syndicats montrent l’image détestable de la politique. Chacun se tire la bourre pour avoir de bons résultats.
Grand naïf, je découvre les basses manoeuvres, les textes assassins et les discussions de couloir mais rien ne m’avait préparé à la distribution des tracts. Le 19 mars prochain ont lieu les élections pour le conseil d’administration. Je suis sur les listes électorales, il est quand même important de me faire connaitre. Les jours précédents, je cogitais à ce que j’allais pouvoir dire en rentrant dans les salles. L’idée est simple, j’allais parler de la stupidité fonctionnelle. C’est parti mon kiki…
Je suis accueilli par plusieurs types d’ambiance :
La salle vide :
Arrivé trop tôt, l’open-space est désert. J’erre entre les bureaux, déposant mes papiers revendicatifs sur les postes de travail.
L’ignorance :
Identique à la salle vide mais avec des gens dedans. Je lâche un bonjour, on me regarde à peine. Je pose mes tracts, certains me disent merci, d’autres me répondent à peine. Trop timide et encore peu formé, je n’ose pas faire une prise de parole. Je fuis en balançant un « Bonne journée à tous ». aucune réponse. Glauquissime.
La salle des dépressifs :
Pas facile à gérer. On rentre, on explique le tract distribué puis c’est le bureau des pleurs. Chacun se plaint, parle de ses problèmes personnels sans rapport avec le travail. on passe un peu de temps à écouter, à expliquer mais personne n’écoute. Une plainte qui semble nous poursuivre même quand on est sorti de la salle.
les placardisés :
Souvent seul dans un bureau mal placé, peu éclairé. Ils sont contents de croiser une personne. Effrayant.
les patrons :
Il faut bien leur faire savoir qu’ils ont des élections. Je décerne la palme d’or à mon sous-directeur qui m’a accueilli avec une petite blague très légère » hahaha la CFDT ils n’ont pas beaucoup de matière grise » . Je pense que cela va être un plaisir d’aboutir à des accords avec ce genre de gusse.
Les adversaires :
La jolie salle à majorité CGT. Amis de la discussion cordiale, bienvenue. ça me tire dans les pattes, me coupe la parole agressivement, m’insulte en me désignant comme un vendu. Que du plaisir.
La salle des copains :
Aucun soucis avec mes collègues. A part quelques vannes anti-syndicat pour me titiller sur mon engagement.
Au bout de plusieurs étages parcourus, il n’est pas facile d’avoir les idées claires. On finit par bafouiller, se perdre dans des couloirs. On revient de la distribution épuisé mais satisfait de la mission accomplie. C’est d’ailleurs après ce type d’épreuve que l’on réalise la force des militants de tous partis qui essaient de partager leurs idées. J’avoue être admiratif d’un tel engagement surtout dans une période qui pousse de plus plus à l’individualisme. Je tire mon chapeau à tous les militants de France et de Navarre. bravo les gens !!