Madame bobig est assistante de direction dans la finance. Mariée, deux enfants, elle habite dans la petite ville bourgeoise du Raincy. Ha j’oubliais…madame bobig a la peau noire.
Quand on a la peau noire dans un milieu huppé, on assiste à certaines scènes cocasses, preuve d’un racisme ordinaire qui ne se cache plus. La première anecdote date de quelques mois, lors d’une réception professionnelle chez un grand directeur de banque. Arrivé dans l’appartement où avait lieu la soirée, madame Bobig s’approche des convives. Un homme s’adresse à elle : « Vous êtes la nanny ? enchanté les enfants doivent être là bas ».
Hé oui, quand on est une femme noire, on ne peut être que l’assistante maternelle à domicile, pas l’assistante de direction.
Même quiproquo chez un boucher du Raincy. madame Bobig va souvent y chercher sa viande. Le commerçant lui semblait un peu froid mais elle n’y prêtait pas attention jusqu’au jour où elle y est allé avec une copine – Une grande blonde. Le commerçant sûr de lui regarde la grande blonde et lui dit « ha c’est donc pour vous que la Mademoiselle achète de la viande » . hé oui ! quand on est une femme noire dans une boucherie on n’est pas une mère de famille mais du petit personnel d’une famille bourgeoise.
Le dernier exemple en date est un collector qui se passe dans ma copropriété – le hasard a fait que nous avons toutes les religions représentées, on se croirait dans les émissions religieuses du dimanche matin.
Nous rencontrons un patron d’une entreprise d’élagage de Villemomble. Imaginez Patrick Sébastien en plus gras et avec la braguette ouverte. On tient le personnage. Il veut vendre un palmier pour le jardin de ma voisine juive.
– 250 euros c’est cher quand même..
– madame vous êtes juive ou quoi ? parce que les juifs ils grattent sur tout. de vrais rapaces !
On le regarde tous estomaqué. « oui je suis juive… », il continue sa discussion comme si de rien n’était, puis regarde madame Bobig :
– Vous faites quoi dans ce pays ? vous devriez rentrer chez vous…c’est plein de stress ici !
– mais je suis française…
Dans ma tête, plusieurs solutions se bousculent : le jeter de la copro en l’insultant ou le laisser croupir dans son racisme beauf. je choisis cette dernière. Par lacheté ? non je pense tout simplement qu’il est irrécupérable.
Je le raccompagne à la porte, quand soudain il se rend compte qu’il a fait un peu fort sur la communauté juive, il se lance donc dans une dernière saillie :
– pour les juifs, c’est sûr ils sont rapaces mais les arabes sont pires, ce sont des meurtriers et des tortionnaires.
Anecdote, il balance ce dernier argument devant la maison de nos voisins musulmans. Très classe !
je n’ignore pas que Le racisme a toujours existé mais je constate une évolution inquiétante. Désormais la haine de l’autre s’exprime librement. Les préjugés sont balancés à la gueule sans scrupule. sans honte. C’est légèrement flippant.