Lors de nos retrouvailles familiales , des sujets récurrents agrémentent notre fin de repas. Le dernier en date : les racines.
Mon père pense que la recherche de ses racines est inutile. Un phénomène qui empêche d’avancer. Bien au contraire, Madame Bobig trouve que ses origines indiennes sont un moteur. Un socle sur lequel repose sa personnalité. Bien entendu, tout cela est purement subjectif et le débat devient rapidement stérile.
De mon côté, je n’interviens pas beaucoup. Voyez vous, mes racines sont loin d’avoir la classe d’une terre étrangère. Elles se situent à environ 15 km de Paris. Dans un quartier de Noisy le sec : la Boissière.
J’ai débarqué là bas au début des années 70, j’ai quitté ce quartier en 1992. Avec le recul de nombreuses images se bousculent. Terrain vague à côté de mon immeuble, l’école primaire, l’allée d’Anjou devant laquelle je flippais de passer en vélo. Les grands matchs de foot de rue. les copains – Philippe, Christophe, max, Farid, Meziane..etc…
Beaucoup de souvenirs positifs mais aussi des galères..le paysage : En ouvrant la fenêtre de ma chambre, à gauche, vue sur l’autoroute, devant la cité, à droite le cimetière, puis les bagarres improvisées, les tentatives de racket ou de vol, la mort de jeunes potes (suicide ou drogue…)
Rétrospectivement, je pense que ce quartier a forgé une grande partie de ma personnalité. Ne pouvant m’imposer physiquement, je me débrouillais avec la tchatche. Devant la grisaille, j’ai développé un imaginaire que j’exploite encore aujourd’hui.
De nos jours, je fais parfois un détour en bagnole, je constate les changements. Des rues qui ont fait leurs apparitions, de vieux immeubles ont fait place à de nouveaux. Malgré cela, ce quartier sera toujours un peu le mien.