Trois ans après

Quand on approche cette date fatidique du 7 janvier, television et journaux reviennent sur ce terrible attentat de Charlie Hebdo. Ce matin, je lis des témoignages de rescapés, l’émotion est toujours aussi forte. Des personnes brisées, la peur au ventre. Loin, dans mon petit confort de mon appartement, l’impact de l’attentat est moins violent, j’ai uniquement perdu des repères. Cabu et Georges Wolinski ont bercé mon enfance, m’ont fait entrer dans l’age adulte. Leurs libertés de ton, leurs provocations m’ont insufflé ce goût pour la liberté. Liberté de penser. Ils sont morts mais m’ont apporté cette richesse que je continue d’exploiter.

Trois ans après,je ne suis toujours pas Charlie. A la base, c’était un slogan qui exprimait notre attachement à la liberté d’expression pour laquelle journalistes, dessinateurs, policiers…etc..sont morts. Mais très rapidement, j’ai refusé cette appellation grâce notamment à cette phrase brillante de Nathalie saint Cricq « Il faut repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie »

De plus, être Charlie est devenu un point Godwin à la française :

« Plus une discussion s’étend, plus il est probable d’y trouver une comparaison impliquant Charlie hebdo et les attentats »

Je ne compte plus les discussions où l’on me répondait que j’étais un traître à la nation car je n’étais pas Charlie. Des flots d’insultes. La leçon de ces impossibles débats.Sur mon compte twitter je bloque tout ceux qui sont #charlie #toujourscharlie car j’ai remarqué une chose terrible : ils ne sont pas respectueux de la liberté d’expression. Ils sont à l’opposé de ce que je prône : le respect des idées d’autrui, du débat, de l’échange. Ils sont à l’opposé de ce que m’ont appris les Reiser, Choron , Cavanna et les autres…ils ne sont pas bêtes et méchants, ils sont juste cons.
Car dans ce gloubi-boulga de « Je suis Charlie » on retrouve de tout : Cela va de la gauche de Manuel Valls à l’extrême droite. Figurez vous que j’ai même croisé un ancien para tendance FN me critiquer de ne pas être Charlie. J’imagine la tête de Cabu, antimilitariste convaincu voyant cet échange.

Cerise sur le gâteau, chacun y va de son hommage en louant des salles pour rendre hommage à Charlie avec places VIP. Beurk !

J’aurai toujours la tristesse d’avoir perdu mes héros de l’humour, j’aurai toujours la compassion en pensant aux victimes et aux rescapés de ces attentats mais jamais je ne pourrai dire que « je suis Charlie ».
Je préfère dire tout simplement que je suis républicain , démocrate et respectueux de la laïcité. je pense que ce message est plus clair pour les jeunes qui ne peuvent qu’être perdus avec un slogan aux interprétations multiples. De nos jours on a plus besoin de pédagogie que de récupération car ce sont ces nouvelles générations qui vont faire que ça passe ou ça casse dans les prochaines années.

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